On a souvent entendu parler de «liberation day» ces dernières semaines. Mais le véritable «Jour de la libération» est bien le 8 mai 1945, jour de la capitulation sans condition de la Wehrmacht qui marqua la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Après des années d’oppression, de souffrance et de destruction, l’espoir était revenu. L’Europe était libre, mais elle avait payé un lourd tribut, avec des millions de morts et des villes et régions entières en ruines.
Encore enfants, mes parents et leur génération ont vécu la Seconde Guerre mondiale. Ils se trouvaient certes dans un pays épargné des actes de guerre, mais ils ont tout de même été durablement marqués par la menace de l’Allemagne nazie. Comme il n’y aura bientôt plus de témoins survivants de l’époque, il est d’autant plus important de conserver la mémoire de la fin de ce conflit.
La liberté et la sécurité ne vont jamais de soi
Le 8 mai représente la victoire sur la tyrannie. Le souvenir de cette date nous exhorte à ne jamais considérer la liberté et la sécurité comme allant de soi. Quatre-vingts ans plus tard, nous commémorons les victimes et rendons hommage à ceux qui ont contribué à la libération – soldats, résistants, civils. Leur esprit de sacrifice a permis la liberté dont nous jouissons aujourd’hui. Par-dessus tout, nous nous souvenons que la liberté est fragile. Elle exige du courage, de la vigilance et de la responsabilité. Le 8 mai rappelle ces valeurs, aussi et surtout dans l’actuel contexte sécuritaire qui s’est fortement dégradé avec la guerre en Ukraine.
«Jamais nous ne nous rendrons!»
En pensant au 8 mai, nous pensons à Winston Churchill qui, en tant que Premier ministre, a guidé la Grande-Bretagne au travers des heures les plus sombres. Ses discours ont (re)donné l’espoir et son stoïcisme a inspiré. Sa phrase «We shall never surrender» est devenue l’affirmation même de la résistance. Churchill a uni les nations contre la domination nazie. Sa détermination a renforcé les Alliés. Sans lui, qui sait si la victoire aurait été possible il y a quatre-vings ans.
Le 8 mai est plus qu’une date historique. Sa commémoration exprime le triomphe de l’humanité et la puissance de l’action collective. Construite sur des ruines, l’Europe de l’Ouest est devenue un continent de coopération et de réussite économique, grâce notamment à la Communauté européenne. Jusqu’en 1989, la défense contre le danger communiste prévalait. Par la suite, la liberté, la sécurité et la démocratie ont pu continuer à s’étendre sur le Continent. Le passé doit cependant nous inciter à la prudence: un regain des nationalismes, de la haine et de l’intolérance est toujours possible.
Les séquelles de la guerre n’ont pas épargné la Suisse. Notre pays n’a certes pas subi de faits de guerre, mais l’isolement, la pression économique et les enjeux d’ordre moral ont laissé des traces. Pour nous aussi, le 8 mai est l’occasion d’une introspection – sur les responsabilités, la solidarité et notre rôle dans une Europe libre. Neutralité ne doit jamais être synonyme d’indifférence. Ici comme ailleurs, la liberté est un bien à soigner chaque jour.
Aujourd’hui, en 2025, nous faisons de nouveau face à des défis sous la forme de conflits, de populisme et de crises mondiales qui menacent des valeurs essentielles. L’esprit du 8 mai peut nous donner de la force pour les relever. Il nous rappelle que la liberté doit être défendue. Inspirons-nous de l’attitude de Churchill – sa détermination et sa foi en la liberté doivent rester un modèle.
Christoph Mäder
Président d'economiesuisse