Instance de consultation
Département de l’Economie et de la Formation (DEF)
Délai de réponse
26 septembre 2025
Objet
Loi sur la société de gestion et d’exploitation de l’aéroport de Sion
Contexte
Le 20 juin 2025, le Département de l’Economie et de la Formation (DEF) a mis en consultation l’avant-projet de loi sur la société de gestion et d’exploitation de l’aéroport de Sion.
Avec le retrait des forces armées, il est nécessaire de repenser l’aéroport de Sion. Celui-ci constitue une infrastructure stratégique pour le canton du Valais. Sa position centrale, au coeur de l’Arc alpin, en fait un point d’accès unique pour les acteurs du tourisme, de l’économie et de l’innovation, de la sécurité et de la santé publique. L’avant-projet de loi porte sur la création d’une société de gestion et d’exploitation de l’aéroport de Sion permettant d’en assurer une gestion professionnelle, transparente et équilibrée.
Notre prise de position en bref
- La CCI Valais soutient le principe de la cantonalisation de l’aéroport de Sion et reconnait la nécessité de créer une nouvelle base légale.
- Elle approuve l’avant-projet dans ses grandes lignes, et salue l’ambition d’aligner cette infrastructure sur la stratégie cantonale de développement.
- Sans viabilité, pas de durabilité : l’objectif d’une exploitation économique et rationnelle de l’aéroport pour des activités d’aviation doit prendre une place prépondérante.
- Sa concrétisation dépendra cependant de la teneur des futurs statuts de cette société mixte en devenir.
Notre prise de position en détails :
Nul ne peut contester l’envergure et l’importance cantonale de l’aéroport de Sion. Cette infrastructure remplit une fonction primordiale de désenclavement pour le Valais dans son ensemble. Elle joue en outre un rôle clé dans les chaines de valeur de nombreux piliers de notre économie, fournissant des prestations déterminantes pour l’agriculture, l’énergie, la construction ou encore la santé publique, la sécurité et le tourisme. En tant que site industriel, elle offre de nombreux emplois à haute valeur ajoutée ainsi que, depuis l’installation d’une start-up en son sein, une opportunité de renforcement de l’écosystème cantonal d’innovation. Enfin ses contributions sociales en tant que lieu de formation et base d’engagement en cas de crise majeure ne sont plus à démontrer.
Des signes politiques forts sont nécessaires pour pérenniser l’aéroport civil de Sion, qui anticipe un renouvellement de concession à l’horizon 2031. Les développements récents et les polémiques récurrentes sur les nuisances de l’aéronautique ou les coûts d’entretien ont fragilisé son avenir. Il y a fort à craindre que, faute d’un changement de cap, l’aéroport suive une trajectoire descendante qui le condamnerait à une lente atrophie jusqu’à la disparition. La prise de risque par le canton, que nous saluons, donnera un signal politique très clair en direction des instances fédérales civiles et militaires pour le maintien de la place valaisanne dans le ciel suisse.
Compte tenu de l’impact cantonal de l’aéroport de Sion qui dépasse largement ses frontières communales, tant en termes d’apports que de nuisances, il est justifié que sa gestion et son exploitation soient transférées d’une section de la municipalité sédunoise à une structure d’envergure cantonale. Les autorités de la capitale, en tant que commune site, ont fourni un travail très précieux au profit de toutes les communes du canton avec la création et le développement de cette infrastructure cantonale. A cet instant de passage – et de partage - de témoin, les entreprises valaisannes les remercient et saluent leur engagement.
La loi proposée reste très générale sur les contours de cette nouvelle société, et laisse une grande marge de manoeuvre à l’autorité pour les définir. Ces dispositions sont suffisantes pour formaliser adéquatement la structure de la propriété et de la gestion du site. Cependant, elles demeurent trop vagues pour ce qui est de son exploitation. Le seul transfert d’un niveau à l’autre de l’état – i.e. d’une commune au canton – ne suffira pas à garantir une exploitation économique viable et dépolitisée du site. Cette question ne pourra pas être tranchée par la loi, mais devra se trouver au coeur de la rédaction des statuts de la future SA.
Nous attendons notamment que les meilleurs principes de gouvernance soient appliqués pour la composition de ses organes. Le conseil d’administration devra disposer des compétences nécessaires au pilotage stratégique d’un aéroport, et disposer de la marge de manoeuvre nécessaire pour engager les ressources humaines et techniques adéquates. Une gouvernance moderne, ouverte et transparente communiquera les bonnes impulsions entre l’aéroport et ses parties prenantes, une condition sine qua non de sa viabilité et de sa durabilité.